Bourj Hammoud (Nord-Beyrouth -Liban) - Renouvellement urbain

Le projet stratégique d’adaptation climatique de la ville de Bourj Hammoud propose une prospective territoriale à horizon 2050 puis 2100 articulant plusieurs échelles, spatiales et temporelles. Cette commune, apparue au début du 20e siècle au Nord du fleuve Beyrouth, s’est constituée au gré de vagues successives d’installations humaines d’abord informelles puis sédimentées en quartiers formant bientôt un continuum urbain extrêmement compact. L’ancien marais côtier autrefois occupé par des verges d’agrumes est ainsi devenu l’un des quartiers les plus densément habités de l’aire métropolitaine beyrouthine, riche d’un multiculturalisme et d’une économie artisanale qui en font le « souk à ciel ouvert » de la capitale. Aujourd’hui, la ville est confrontée à l’installation de fonctions urbaines massives (décharge, future station de traitement des eaux, infrastructures de mobilité, autres installations techniques lourdes). Elle doit trouver des chemins de résilience spécifiques, dans un contexte de crises (géo)politique, économique, sociale et environnementale cumulées qui questionnent directement les capacités de l’action publique.

Pour y parvenir, un atlas stratégique explore trois thèmes majeurs d’aménagement qui visent à faire de Bourj Hammoud la « première écocité du Liban » (risques, biodiversité, résilience climatique), à la renforcer au sein du jeu métropolitain en tant que « ville productive » (économies, production énergétique, métabolisme urbain) et enfin d’en maintenir la nature hospitalière en tant que « ville pour tous » (logement, réhabilitation patrimoniale). Cet atlas stratégique est associé à un catalogue d’interventions sur l'espace public, à mettre en œuvre dès le court-terme (préfiguration) et plus progressivement à l’appui de processus de transformation spécifiques.

Associer élabore à ce titre des dispositifs urbains et paysager d'adaptabilité urbaine, qui s'appuie sur l’histoire culturelle et naturelle du territoire. La redécouverte dans la structure parcellaire, des anciens canaux de drainage du marais disparu sert, notamment, d’armature à une nouvelle « matrice écologique » de la ville qui pâtit par ailleurs de l’absence d’espaces verts et reste fortement exposée au risque d’inondation (crues et ruissellement à court terme) comme de submersion (en lien avec l’élévation du niveau de la mer sur le long terme).

Cette matrice écologique, nécessairement transversale et multifonction, a vocation à orienter la politique d’aménagement de la collectivité et de ses partenaires dans le sens d’une réparation des continuités hydrauliques et de résilience climatique (lutte contre la surchauffe urbaine en misant sur les structures paysagères associées). Sur un territoire entièrement artificialisé, le projet propose ainsi de mettre au centre de l’action publique des solutions « basées sur la nature », low-tech et frugales afin de faire le lien entre ambition stratégique et capacités concrètes d’action.